demain mardi gras ou carnaval
Le mot carnaval apparaît en français en 1549 sous la forme carneval dans le sens de « fête donnée pendant la période du carnaval ».
Il vient de l'italien carnevale ou carnevalo. Ce mot a pour origine carnelevare, mot latin formé de carne « chair » et levare « ôter »[1]. Il signifie donc littéralement « entrée en carême ».
Des étymologies fantaisistes ont été jadis avancées, telle que « caro vale ! » : « adieu la chair ! »[2].
Jusqu'au XIXe siècle, le mot « carême-prenant » a été utilisé en français à égalité avec « carnaval ». Il a été orthographié de diverses manières : caresme-prenant, quaresmeprenant, etc. On le trouve utilisé dans le journal de Pierre de l'Estoile, chez Molière, etc.
De « carême-prenant » on a dérivé deux expressions, l'une : « tout est de carême-prenant », pour parler de certaines libertés, en particulier dans le domaine des mœurs, qui se prennent ou prenaient traditionnellement pendant le carnaval. L'autre : pour désigner une personne costumée en carnaval, ou, en général, quelqu'un d'habillé de façon ridicule : « Au secours, au secours, votre fille on l'emporte, Des carêmes-prenants lui font passer la porte[3], ». « Vous voulez donner votre fille à un carême-prenant[4], ».
Du mot « carnaval » on a dérivé les mots « carnavaleux » et « carnavalier ». Le premier désigne dans la région de Dunkerque et au Québec un participant au carnaval[5],[6]. Le second plutôt un artiste créant des œuvres pour le carnaval tels que chars, géants, grosses têtes, etc. Les carnavaliers les plus célèbres en France sont à Nice, où le métier se transmet de père en fils depuis 1870, et où ce mot est traditionnellement utilisé[7].
D'après le calendrier religieux, le carnaval débute à l'Épiphanie (le 6 janvier), date qui marque la fin des fêtes de Noël et s'arrête le mardi gras, veille du début de la période de carême. Les Laetare sont des carnavals de mi-carême.
Les saturnales des Romains et les fêtes dionysiaques en Grèce sont des précédents historiques du carnaval.
Le carnaval est une tradition archaïque liée aux cycles saisonniers et agricoles. L’historien des religions Mircea Eliade écrit : « Toute nouvelle année est une reprise du temps à son commencement, c’est-à-dire une répétition de la cosmogonie. Les combats rituels entre deux groupes de figurants, la présence des morts, les saturnales et les orgies, sont autant d'éléments qui dénotent qu’à la fin de l’année et dans l’attente du Nouvel An se répètent les moments mythiques du passage du chaos à la cosmogonie »[8]. Eliade écrit encore : « Alors les morts pourront revenir, car toutes les barrières entre morts et vivants sont brisées (le chaos primordial n'est-il pas réactualisé ?) et reviendront puisqu'à cet instant paradoxal le temps sera suspendu et qu'ils pourront donc être de nouveau contemporains des vivants »[8]. Eliade souligne que les peuples ont « d’une manière profonde le besoin de se régénérer périodiquement en abolissant le temps écoulé et en réactualisant la cosmogonie »[8].
Dans l’essai Le Sacré et le Profane Mircea Eliade écrit : « L'abolition du temps profane écoulé s’effectuait au moyen des rites qui signifiaient une sorte de « fin du monde ». L'extinction des feux, le retour des âmes des morts, la confusion sociale du type des saturnales, la licence érotique, les orgies, etc. symbolisaient la régression du cosmos dans le chaos »[9].
Mircea Eliade parle des valeurs cosmologiques du carnaval même dans son Traité d'Histoire des religions (chapitre XI, Temps sacré).
En Suisse, le carnaval de Bâle débute le lundi suivant le mercredi des Cendres, à 5H00 du matin, tandis qu"à Lucerne, il commence le jeudi gras à 4H00 du matin[10]. En Grèce, il s'appelle Apokriá et se termine le lundi pur.
Travestissement
Les masques prennent les caractéristiques des êtres surnaturels qui sont les démons et les esprits des éléments de la nature, c’est pourquoi le masque a une fonction apotropaïque. À la fin le temps et l’ordre du cosmos, bouleversés pendant le carnaval, sont reconstitués (nouvelle création, nouvelle cosmogonie) par la cérémonie de la lecture du « testament » et par les « funérailles » du carnaval qui souvent consistent en la brûlure du « Roi Carnaval » représenté par un mannequin ou une poupée de chiffon. D'autres fois l'image du carnaval est noyée ou décapitée (à propos de la mort rituelle du carnaval voir Le Rameau d’or écrit par James George Frazer).
Les travestissements de tous genres, les bals nocturnes et masqués, les promenades du dimanche gras et du mardi gras sont les principaux amusements auxquels on se livre pendant le carnaval. Le carnaval de Venise et en général ceux des pays méridionaux sont les plus célèbres et les plus brillants.